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Santé en 2050 : repenser la santé publique à l’ère du dérèglement climatique

Le 28 juin 2025, la seconde édition du congrès “Santé en 2050”, organisée par The Shifters à Lyon, a rassemblé chercheurs, professionnels de santé, ingénieurs, acteurs publics et associatifs autour d’un constat désormais largement partagé : les effets du changement climatique sur la santé sont déjà mesurables, mais restent trop peu intégrés aux stratégies de santé publique.

Le thème central — risques sanitaires liés au dérèglement climatique et adaptations nécessaires du système de santé — a donné lieu à des échanges riches, portés par des données concrètes, des retours d’expérience terrain et des réflexions prospectives.

Climat, corps humain et tension sur les systèmes de soin
Les conférences ont mis en lumière des dynamiques bien établies dans la littérature scientifique, mais encore peu opérationnalisées :

  • Les vagues de chaleur, plus fréquentes et intenses, exercent une pression croissante sur les organismes vulnérables comme sur les structures hospitalières.
  • L’expansion géographique des maladies vectorielles (dengue, chikungunya) redéfinit les zones à risque épidémique en France métropolitaine.
  • L’exposition différenciée aux risques climatiques (logement, emploi, isolement) renforce les inégalités sanitaires préexistantes.

La santé environnementale apparaît ainsi comme un champ transversal, situé à l’intersection des politiques de santé, d’urbanisme, de justice sociale et de transition écologique.

Intelligence artificielle : outils d’aide à la décision et vigilance éthique
Une session technique a porté sur l’usage croissant de l’intelligence artificielle (IA) en santé. Plusieurs cas d’usage concrets ont été présentés :

  • En radiologie, des modèles permettent une détection précoce de certains cancers.
  • En dermatologie, l’IA contribue à l’identification automatisée des mélanomes.
  • En pharmacologie, des algorithmes génèrent des structures protéiques pour développer des thérapies personnalisées.

Ces outils, bien que puissants, soulèvent des questions sur la qualité des données d’apprentissage, la transparence des processus de décision et l’articulation avec les pratiques cliniques. Le consensus des intervenants était clair : l’IA doit rester un outil au service du soin, et non s’y substituer.

🧬 Polluants, cancer et effets différés de l’exposome
Des données marquantes ont été partagées sur l’évolution de l’incidence des cancers en France, en particulier depuis les années 1980. En 2023, plus de 433 000 nouveaux cas ont été recensés, dont une part croissante liée à des facteurs environnementaux.

Les recherches du Centre Léon Bérard ont mis en évidence :

  • Le rôle des perturbateurs endocriniens (comme les phtalates et les POPs) dans la réduction de l’efficacité de certaines chimiothérapies.
  • Une corrélation entre exposition à des polluants et agressivité tumorale, notamment dans le cancer du sein.
  • Le concept d’exposome, qui regroupe l’ensemble des expositions subies tout au long de la vie, a été mobilisé pour expliquer la nature cumulative et souvent invisible de ces risques.

Des schémas ont illustré comment des expositions en période fœtale, puis à l’adolescence, interagissent sur le long terme jusqu’à déclencher des pathologies chroniques ou cancéreuses.

Des chantiers identifiés pour un système de santé résilient
Plusieurs axes d’adaptation ont été mis en avant :

Intégration des données environnementales (température, qualité de l’air, humidité, logements) dans la veille sanitaire.

  • Réaménagement des infrastructures de santé pour répondre aux aléas climatiques (canicules, inondations, pics de pollution).
  • Révision des formations médicales pour inclure les enjeux environnementaux dans les parcours de soins.

L’un des constats transversaux : les réponses aux défis sanitaires liés au climat restent encore trop sectorielles. Or, seule une approche systémique permettra de construire une médecine adaptée à la réalité écologique du XXIe siècle.

Faire le lien entre science, société et santé environnementale, c’est contribuer à une meilleure compréhension des transformations en cours. Ce congrès a mis en lumière des réalités qu’il est essentiel de relayer, non pour alarmer, mais pour éclairer. Comprendre les interactions entre climat, pollution et santé, c’est déjà commencer à agir — individuellement et collectivement.
pour prolonger la réflexion : quels leviers seraient les plus urgents à activer pour faire face à ces mutations ? Quelles initiatives mériteraient d’être mises en lumière ?

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